JOURNEE A CASTRES-SIDOBRE

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Samedi 27 septembre 2025

06h15 La nuit s’attarde encore sur le parking, volontairement plongé dans l’ombre - économie d’énergie et lutte contre la pollution visuelle obligent. Dans cette pénombre, les adhérents cherchent à se reconnaître. Les silhouettes se croisent, hésitent, se devinent.
Margaret, fidèle au poste, éclaire un visage après l’autre de sa lampe torche et procède au pointage, telle une gardienne attentive rassemblant son équipage avant le départ.
Le bus surgit enfin, ses phares tranchant l’obscurité. À peine les portes ouvertes, certains se précipitent à l’intérieur pour retrouver leur siège habituel. Mais il ne s’agit pas seulement d’une place : c’est un repère, une habitude rassurante, un rituel à préserver - parfois même une superstition.
En un instant, chacun est installé. Nulle crainte de manquer de place : le bus a toujours la juste mesure de son groupe. Et il n’est pas question que quelqu’un voyage debout : nous ne sommes pas dans le métro. Le moteur gronde doucement, et déjà nous prenons la route vers Castres.

10h00 Nous arrivons à Castres. Notre guide nous attend au jardin de l’Évêché, chef-d’œuvre d’équilibre et de rigueur où chaque haie semble taillée au cordeau. De là, elle nous entraîne à travers les ruelles du centre historique.
Les ruelles nous mènent jusqu'à la place Jean Jaurès, animée et lumineuse ; l’église de la Platé, avec son clocher carillonné singulier et son style baroque à la française ; les hôtels particuliers du XVIIe siècle aux façades élégantes… Le guide nous raconte les anecdotes locales qui font revivre la ville.
La visite se poursuit : par les Maisons suspendues au-dessus de l’Agout, véritable emblème de Castres. Leurs façades colorées, parfois roses, ocres ou bleutées, se reflètent dans l’eau comme dans un miroir. Autrefois, ces maisons servaient aux négociants et artisans pour faire sécher les étoffes et travailler les cuirs directement au-dessus de la rivière. Les larges fenêtres étaient de véritables ateliers à ciel ouvert. Aujourd’hui, elles témoignent encore de l’activité commerciale et artisanale qui fit la prospérité de la ville.
 La matinée s’achève autour d’une table conviviale à la Brasserie Marso. Le croustillant de chèvre chaud ouvre le repas avec délicatesse, la daube de joue de bœuf confite fond dans la bouche et l’entremets aux fruits apporte une touche légère et parfumée. Le repas se déroule dans la bonne humeur, ponctué de conversations animées et de rires partagés. 

14h00 Nous quittons le restaurant pour rejoindre le bus, qui doit nous récupérer le long du boulevard. Après cinq bonnes minutes d’attente, notre guide s’aperçoit que le message destiné au chauffeur n’est jamais parti… et pour cause : son téléphone, tombé dans les toilettes, avait rendu l’âme ! Heureusement, un appel depuis un autre appareil règle l’affaire : deux minutes plus tard, le bus nous rejoint. L’incident, vite oublié, arrache quelques sourires.
Un passage au ralenti à Burlats nous plonge dans l’atmosphère médiévale d’un village lové au bord de l’Agout. Le pavillon d’Adélaïde, élégant vestige roman, évoque les récits d’amour courtois et les légendes anciennes. Puis cap sur le Sidobre, ce territoire unique où la nature a façonné, au fil des millénaires, d’étonnants géants de granit.
Le cœur du Sidobre - la spectaculaire Peyro Clabado, impressionnant bloc de granite de près de 780 tonnes, repose en équilibre sur une surface d’à peine un mètre carré. Le rocher défie la gravité et fascine les regards. Tout près, le Musée Jean Cros – Minéraux et Fossiles nous ouvre ses portes sur l’histoire profonde de la Terre. Chaque pierre y raconte une aventure : quartz du Tarn, pierre des obélisques d’Égypte, calcédoine d’or, fossiles vieux de 200 millions d’années. Les gogotes, blocs de granit naturellement modelés, semblent presque vivants, et les géodes brésiliennes captent la lumière comme de petits trésors.


Le musée célèbre aussi le savoir-faire local : une boutique propose des bijoux et créations en granit, et des ateliers permettent de découvrir les techniques anciennes de taille et de sculpture. Devant la beauté des pierres, plusieurs participants ne résistent pas à ramener un souvenir, provoquant un petit bouchon à la caisse et nous faisant perdre un temps précieux. Plus loin, le bus se gare et les plus courageux s’élancent sur un sentier qui, au terme d’un quart d’heure de marche, mène au gracieux roc de l’Oie, semblant prêt à s’élancer. Notre guide nous confie une légende : une oie, punie pour son infidélité, aurait été changée en granit… Un nouveau retard s’ajoute, mais la magie du lieu compense la fatigue. Au détour du chemin, le lac du Merle offre un spectacle contemplatif : miroir d’eau garni de nénuphars et entouré de chaos rocheux, il respire la sérénité. Enfin, le chaos de la Resse, véritable rivière de blocs éparpillés, donne l’impression d’un paysage façonné par une main géante.
La journée s’achève à la Maison du Sidobre, où nous découvrons l’histoire géologique du massif, l’ingéniosité des granitiers et les légendes locales. Hélas, la visite est écourtée : le retard accumulé nous presse, car notre chauffeur risque de dépasser son amplitude de conduite.
 Il est déjà l’heure de reprendre la route vers Saint-Bertrand-de-Comminges. Dans le bus, le silence s’installe peu à peu : certains s’assoupissent, d’autres rêvent encore aux paysages traversés.
Castres et le Sidobre laissent en nous une double empreinte : l’élégance urbaine et la force minérale. Deux visages d’un même voyage, appelés à durer dans nos souvenirs.

 

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